lundi, juillet 07, 2008

poussière (3)

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La Vie!
La Vie!
La Vie est un immense Pays de menthe et de soleil.

Boire piquant, s'enivrer de fraiches odeurs, mordre au coeur des pommes au sucre, s'encoller le bout du nez et de la langue aux moellosités de la barbapapa.
Plonger en hurlant dans les glaciales embrassades d'une chute d'eau vive, filer, transpercée de vibrations rayonnantes, à la folle course de la moto de papa, cramponnée à pleines mains au cuir fauve, tournebouler, pattes et jambes empêlemelées, avec le gros chien noir sur la pente d'un talus d'herbe grasse, riant, jappant comme des possédés, oublier avec application l'existence du temps, des minutes qui voudraient épingler chaque rire, chaque larme, chaque respiration dans un sinistre écrin de bois noir...

Découvrir le monde, l'ouvrir de tous ses yeux, de tous ses sens, y plonger à pleines mains, malgré la trouille, malgré les répulsions, soulever chaque lourde pierre au bord du chemin, y renifler des traces de passages anciens, de présences mystérieuses...
Et si... Et si...

Que savent-ils du monde, les grands, puisqu'ils ne sont pas restés enfants assez longtemps! C'est qu'il en faut, des vies et des vies d'enfant, pour ouvrir toutes les portes!

Le vrai monde, avec ses continents inconnus, insoupçonnés même, avec ses personnages terribles et féériques, avec ses larmes de diamants et ses sourires d'or fin, avec ses océans rugissants qui happent de leurs bras liquides les étoiles trop proches et trop naïves, le vrai monde, avec ses oiseaux de pur esprit et ses serpents ensorceleurs, avec ses tribus de petits hommes dispensés des lourdeurs ordinaires, le vrai monde ouvre grand ses portes aux enfants clairvoyants.

Là où l'adulte s'esbaudit au spectacle d'une fière ruine, d'un squelette grisâtre d' arbre millénaire, à l'éternel et vertigineux bouillonnement d'une cataracte, à la griffure éphémère d'une étoile filante au coeur du grand silence nocturne, l'enfant, l'homme qui n'a pas encore grandi, qui a gardé intacte encore son intuition, voit dans tout cela des ouvertures secrètes et décrypte des appels de l'au-deça.

D.M.
Texte déposé à SACD/SCALA

1 commentaire:

Anonyme a dit…

ça y est, me voilà à nouveau dans le sillage de cette enfant exploratrice ... je me sens à la fois légère mais pas vraiment rassurée non plus, c'est que le chien a un flair sûr ...