mardi, février 12, 2008

Où j'aimerais être le Chat








Si jeune et déjà... je voyais le mal partout!
Ceci est ma première B.D. d'homme, j'avais 22 ans.
Mes yeux, encore tendres, encore fragiles, découvraient les horreurs du Chili, d'Espagne, d'Iran, de Chine, et d'ailleurs et d'ailleurs et de partout, presque.
J'écrivais de la poésie blessée, j'ai mis un peu de dessinure autour. (C'était mon époque PILOTE et CHARLIE Mensuel...).
J'avais fait ce travail pour un groupe de BéDéeux qui sortaient un Fanzine à Paris: "Bande à part", ça s'appelait.
Y z'en ont pas voulu. Trop politique pour certains, pas assez pour d'autres, le chat est mal dessiné, pour ceux qui faisaient pas de politique...
Comme aujourd'hui! On veut toujours pas de mon écriture!!! Anormale, pas dans le moule, hors sujet, pas dans la THEMATIQUE, mal-polie, irrespectueuse de l'académisme grammatical... j'en passe et ...
Sûr que je me prépare un bel avenir... posthume...
Si y savaient, tous, la force qu'ils me donnent!
Et comme, précieusement, je garde mes yeux tendres, et fragiles!!!





Où j'aimerais être le CHAT


















N’entendez surtout pas
Les murmures faciles,
N’écoutez pas l’effroi
De ces cœurs qu’on déchire ;
Il est trop de fraudeurs
A mine d’épouvante
Pour arracher des pleurs
Par quelque histoire touchante.

Ne vous attachez pas
A ces yeux éperdus,
Ces sinistres appâts
De pantins corrompus ;
On tire de vos passions
Et pour vous mouvoir
D’estimables frissons
Pour ces enfants de Noirs.

Ne pleures pas de trop
Sur les frêles carcasses
De ces pauvres Négros
Rongés par les rapaces ;
Ne vous étendez pas
Par soucis de pitié
Sur l’étrange trépas
De ces expatriés.

Ne songes plus, amis,
Au sort de ces vulgaires
Dont les membres démis
Ne fonctionnent plus guère ;
Ne prêtez pas l’oreille
Aux gens de ces goulags
Dont les voix sans pareilles
Se griment en jérémiades.

N’usez pas votre esprit
Pour ces quelques pouilleux
Qu’on pend et qu’on étripe
En les rendant à Dieu ;
Perdez cette habitude
De flairer dans les stades
Les sourdes inquiétudes
De ces gens que l’on garde.

Heureux dans la misère,
Se plaisant dans la crasse,
Ils sont pour notre race
Comme un pas en arrière ;
Il faut bien de ces gens
Aux gênes dégénérés
A jamais délivrer
L’Occident triomphant.

Sinistres, présomptueux,
A l’ombre de nos gloires,
Hissant des isoloirs
Nos chers ambitieux,
Voici ce que nous sommes,
Humains de pantomime,
Tissant comme personne
Des couronnes d’épines.



(La version B.D. de ce texte apparait sous le titre « Où j’aimerais être le chat » et comporte une variante dans les quatre derniers vers.)



Texte et B.D. Denis Marulaz 1976
Texte déposé SACD/SCALA








5 commentaires:

Anonyme a dit…

Il y a plus qu'une canine de talent là-dedans (ou de dents!)
Bise à toi Denis!

Anonyme a dit…

Chère Irmavep (?) je suis bien heureux de ton passage dans mes souvenirs de jeunesse...
Heureusement, la "veine gribouilleuse" ne s'est pas perdue dans une impasse de mes années lointaines puisque mon fils dessine cent (sang, dirais-tu)fois mieux que moi!
A tout bientôt!

Anonyme a dit…

Ton passage à bord me touche et me réchauffe, hombre ... je suis en peine ... Je sais que tu es près de moi en soutien ... Je pense à toi en connivence ...Quel âge a ton fils ?

Anonyme a dit…

Ma Kaïkan, je ne passe plus très souvent sur les blogs. Une espèce de désespoir à bouger l'inertie du syndrome humain. Même les amis se vautrent dans la compromission. Plus par bêtise d'ailleurs que par conviction. Faites surgir une montagne, ils vous en font un site touristique. C'est à pleurer. C'est culturel. C'est la nouvelle "NORMALITE" des hommes. Que ne suis-je une feuille morte...

Je ne cesse de penser aux quelques perles rares que toi et d'autres sont. J'ai honte d'être absent en vos vies et vos cruelles expériences de rapports humains.

Je finis par penser qu'il vaudrait mieux pour le monde que l'humanité siffle la fin de sa partie. Trop nuls, trop cons, trop égoïstes, trop nombrilistes, trop cruels, trop stomacaux, trop dentus. Trop cérébrés. Des monstres, quoi!
Qui se lève, dans ce putain de monde? Qui?
Osons carrément la question: "T'es d'accord avec ce qui se passe?"
C'est OUI ou c'est NON, et basta!
Qu'on sache une bonne fois pour toute avec qui on construit et malgré qui on survit!

Mon Nicolas aura 28 ans en Aôut et vit la Bohème. D'Amour et de Liberté. Hors système, il a dépassé son père. Et ça m'inonde de bonheur.
Bises à toi.

Anonyme a dit…

Oh moi, Hombre, c' est non et les gouvernements pantinisent à qui mieux mieux ...Un choix de n' aller me montrer que du côté des chemins de traverse ... et j' en crève d' aimer la vie ... et j' en crève d' être une passionnée ... et je ne peux faire autrement ... alors les vannes se rompent de l' intérieur ... Oh hombre, encore heureux que vivent les libellules et les enfants de cette quête obstinée à être hors circuit ...
Je t' embrasse Hombre, tu fais partie de ma vie ...