mercredi, décembre 20, 2006

en revenant de chez Camille...

poupée réalisée par une artiste, "Madame Petipatapon" marionnetiste à Forcalquier.



Je vais décrire dans ces lignes ce que j'ai ressenti à la lecture des commentaires concernant le dernier post de Camille sur son blog LAGUNEDUNE. Ce que j'ai ressenti. Mon interprètation des mots déposés là. Si je me suis planté, chacun est bienvenu , bien sûr, à le dire au bas de cette page et dans la longueur qu'il lui plaira. Cela nous permettra de nous mieux connaitre et comprendre, nous qui nous croisons sans nous parler souvent sur des terres pourtant chères à tous.

Dans ce qui vient de se passer sur ton blog, chère Camille, on se retrouve en plein cœur de ce qu’est l’être humain, de ses questionnements et des réponses qu’il se donne.
Les faits : toi, Camille, tu pousses, avec tes mots, tes images, tes interpellations, tes exemples, tes larmes, un cri de détresse face à l’inhumanité de la société « humaine ». Tu es une femme d’aujourd’hui, tu utilises le langage des mots, hors toute sophistication, celui de la photographie, de la musique. Tu es femme d’aujourd’hui, consciente et informée et tu nous prends à témoin.
Tu nous cries que le monde brûle, qu’on va tous y passer si rien ne bouge, que nos préoccupations personnelles sont ailleurs, (peut- être autour de notre nombril perso…) et qu’on va tous se retrouver « égaux » au jour de la grande cata. Ratiboisés, annihilés.

Moi, dont la respiration quotidienne est de pousser les mêmes cris d’alarme, parce que je sais pas prendre les « distances » qui préservent du « désespoir », je suis tout ouie, d’autant plus qu’on a appris à se « connaître » depuis quelques mois, et que je suis très attentif aux réactions des personnes qui fréquentent la bulle bloguesque qui est une des dimensions de notre « existence » sociétale.

Ce que j’ai constaté depuis le début de mes pérégrinations sur la toile, se reproduit à l’occasion de ton « cri ». De ce cri d’ampleur universelle. Les amis, car ce sont vraiment des amis, qui t’aiment, je n’en doute pas un instant, sentant la blessure, sentant la douleur, (comment passer à côté ?) s’empressent, maternellement allais-je dire (même si ce sont des mots d’homme pour certains) de te câliner, de te réconforter, de noyer tes larmes sous des flots de miel et de calmitude. On loue la qualité de ta photo, on admire ton savoir-écrire, et surtout, on s’attèle à te convaincre que tout va s’arranger. Qu’il faut espérer.
Deux arguments m’irritent particulièrement :
- il y a dans ta photo quelque chose de doux, de moelleux, qui nous dit que tu es quand-même dans l’ « ESPOIR » .
- l’ Amour Vaincra !

Le premier de ces arguments reconnaît que, bien sûr, tu traverses une crise, (ça peut arriver à tout le monde, ma pov’ dame…) que tu t’es un peu égarée dans une espèce de révolte puérile, mais que ça va passer ! que ça va passer ! regarde, on est là, tout va bien, on t’en veut pas, mais la vie est belle, après tout, si on commence à regarder ce qui va pas…
Pour moi, c’est la négation-même de la souffrance, le refus de tout ce qui fait tâche dans le décor quotidien, le refuge dans une résignation « de tranquillité ». On t’aime, Camille, mais nous gâche pas le plaisir… Tu fais de si belles photos d’arbres, de fleurs, de choses tendres… Tu vas pas faire ton « Hombre » quand-même ! Tu es jeune, pleine d’humour et de fougue (faut voir comme tu t’es payée Stardust…) Et puis, ça t’a peut-être échappé, mais dans ta photo, la vraie Camille transparaît, y’a du velours là-dedans, de la beauté, du pur, du céleste… Tu vois bien (même inconsciemment) que le monde est beau et patati et patata… Et que tu y crois, que tu sais comme nous que ça va s’arranger, que si on veut on peut, que c’est pas si grave…
Noyer dans le « baume » , qu’il essaient de te. Tellement ils ont la trouille de regarder le monde humain en face. Et qu’ils ont (en toute amitié, je le répète et je le crois) envie de te posséder dans leur bonne bulle de bien-être. Tu leur apportes tant (et réciproquement peut-être) quand tu es la douce et romantique Camille…
Il n’y a pas de crime dans ce comportement, bien sûr, mais il faut que chacun sache qu’il est un temps de cris, un temps des larmes (bien vu, Corinne) . Et que ces temps sont essentiels. Que tout se construira mieux des larmes assumées que des larmes non versées.

Le deuxième argument, « L ‘Amour vaincra », rabâché à l’envi depuis que l’homme a compris qu’il est un animal guerrier, sert de cataplasme à calmer toutes les douleurs, toutes les blessures, tous les prémices de révolte. C’est l’argument suprême des religions qui, voulant tenir à disposition des puissants la masse hagarde et effrayée des manants, renvoie ceux-ci à des avenirs de sucre et de miel même si et surtout s’ ils doivent payer de leur vie la folie de leurs « Maîtres ».
Le problème, c’est qu’il y a une exigence de changement immédiat d’Humanitude et que le slogan nous renvoie à des futurs repoussés depuis des millénaires et inatteignables vu l’état de la civilisation actuelle.
L’échec permanent de cette croyance dans la « force » de l ‘ « amour » vient de ce qu’on ne sait ni ce qu’est l’amour ni ce qu’est l’humanité. Et qu’on ne VEUT PAS LE SAVOIR !
Quand on aura regardé bien en face, pesé, analysé, disséqué, bien honnêtement, sans tabous, partis-pris, injonctions et anathèmes, la réalité de l’humain et ses capacités à « aimer » et toutes sortes de « pouvoir » beaucoup moins sympathiques, on pourra peut-être envisager ce qu’il est possible de bouger avec de l’amour ou autrement.
Jeté tout à trac sur un cri de révolte, comme un voile pudique, ce slogan ressemble à s’y méprendre à une pelleté de sable déversée sur la braise pour faire croire qu’il n’y a rien à voir. A croire que la colère et l’amour seraient des éléments incompatibles, comme le feu et l’eau. Or, or, qu’est la colère sinon l’expression d’un amour entravé, injustement impossible ? Que hurle Camille, sinon qu’elle aimerait tant unir les mots « Bonheur » et « Humanité » et que cela n’est hélas, pas juxtaposable ? En tout cas en l’état des choses ? Et qu’est sa colère, sinon l’appel à tous pour que la fusion puisse enfin se faire ? Etouffer ce cri, cet appel profond, qui n’est pas égoïste mais universel, sous un flot de tendresse, de caresses, de câlins, c’est lui refuser le « droit au cri », c’est une invitation à courber l’échine face à l’ « ordre des choses ». Pour ne pas s’attirer les « foudres » ? Parce que les cris, même les plus justifiés, sont insupportables à notre « repos » ?
Parce qu’il est plus confortable et reposant de lire des mots tendres, des mots « bleus », des mots d’ouverture aux larges horizons évaporés, on demande à la « blessée » de nous tricoter, si possible, (elle a tant de talent !), ses émotions, ses ressentis, en ces petites phrases mutines, ces petits éclairs vif-argent, dont elle a le secret et qui se prêtent à de si pétillants « jeux de salons littéraires ». Pourvu qu’on n’ait pas à remuer de la boue…
Pour en finir avec le slogan « l’Amour vaincra », je dirais que je suis persuadé que la multitude des gens que nous côtoyons au quotidien sont de braves gens, des êtres pétris d’amour, de tendresse , de vrais frères, de vraies sœurs, pour peu que… Et pourtant, la société que nous formons ensemble est une dégueulasserie sans nom. Tant qu’on n’aura pas formulé de mots (et ça, c’est notre boulot de poètes, d’artistes !) pour penser le paradoxe, dans toutes ses dimensions, l’amour potentiel cumulé de tous les individus ne fera pas une société d’amour.
Des bulles, des cocons, tout au plus. Mais ça, ça existe déjà. Et tant mieux !

Il y a dans ce texte quelques propos gentiment provocateurs. Il faut prendre ça pour du poil à gratter. Jamais pour de la haine ou du mépris.

Amitié et tendresse à toi, Camille, et mes excuses aux personnes qui se seront senties un peu « bousculées » par ma fougueuse intervention sur « LAGUNEDUNE ».


Texte déposé dans la rubrique "le jeu du Grand Tourniquet..." dans les tiroirs de droite.

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonsoir Denis,
Je passais te souhaiter un bon Noël, je vois ta verve et ta fougue.Tu es impétueux et sûr de toi, je te regarde avec affection te débattre et t'essouffler.
Je te connais bien maintenant, tu cries après la violence et tu la nourris en toi par tes blessures profondes à feu et à sang.
Moi, je peux me permettre de te dire que je l'ai vécue intimement et que je suis une survivante. Je l'ai vécue dans ma chair j'en ai toujours les traces et dans mon esprit et je peux te dire que pour la dépasser, pour y survivre, il ne faut pas gigoter. Il faut "éveiller la conscience", "instruire le savoir", lutter contre l'obscurantisme. Car la violence est obscure, elle t'empêche de voir clairement les errances.
Le cri que tu dis d'ampleur universelle, t'empêche d'entendre le cri de ceux qui oeuvrent à passer la lumière.
Ainsi la violence engage à l'extrémisme à des mouvements comme le V...T(mouvement de l'instinction de l'humanité), des mouvements et des partis qui reçoivent des subventions d'organisations internationales pour stériliser des populations de pays sous développés pensant que l'homme est le cancer de la terre.
L'homme fait partie de l'éco système, s'il détruit la chaîne dont il fait partie, il s'auto détruit c'est une cause à effet qui fait partie des mouvements de régulation des systèmes dits complexes. Mais à vouloir égaler Dame nature, il invente les procédés à pallier dont il préfère garder le secret garder la brebis dans la peur du louop,l'agneau frêle qui n'a pas le savoir ne sait pas faire la différence. Ainsi il n'y a plus de poisson (uniquement ceux dont on a l'habitude de se gaver par nos exces ) ce n'est pas grave on élève en Chine des poissons "esclaves" délicieux qui vivent dans des cages et qui pour la reproduction reçoivent de l'urine de femme enceinte (hormones) afin d'avoir un meilleur rendement... Et ainsi de suite... Mais te répondre ici serait bien trop court.

Il n'est pas tant du texte de Camille et du jugement, ou de la dorloterie à son égard...
Camille est mon amie et à ce titre comme à toi je lui dit ce que je pense sans l'orienter elle fait ses choix. Son texte est magnifique. Elle ne nous a pas demandé notre avis avant de le publier, nous lui donnons le nôtre avec nos sentiments.
Et s'il n'y a plus d'espoir et uniquement des gens qui crient au feu qui va l'éteindre ce feu?
Et bien des gens comme moi, comme toi j'espère ayant dépassé l'égocentrisme et capables d'ouvrir leur coeur, d'admirer la terre et ce qui l'habite, de faire passer la tolérance et l'équité, de se mettre à l'ouvrage sur ce qui construit et fédère: des valeurs humaines (aide, solidarité, edifice, construction action...) même dans les organismes d'assistance mondiaux les grands cartels économiques ont la manne sur une population à réguler comme troupeau, oeuvrant au bénéfice de leur mercantiles affaires.
Oui, Denis, il faut garder l'Espoir Tu ne veux pas savoir ce qu'est l'amour et l'humanité, tu n'es pas encore prêt alors à donner et recevoir. Ca viendra Denis,
En tous les cas moi je t'ouvre mon intérieur et tu es libre d'accepter ou non ce que je te dis.
Je venais avec affection te redire mon amitié et te souhaiter de bonnes fêtes.
Je t'embrasse Denis, Bon Noël

Anonyme a dit…

Chère Claude, c'est quand- même un peu fort d'accuser d'extrémisme et de dieu sait quel obscurantisme celui-là qui hurle "au feu" au coeur de l'incendie! Je n'ai pas d'espoir, je ne crois pas un instant en une humanité meilleure et sage. Est-ce mon crime? Je vous gâche votre belle image d' "Espèce Elue de Dieu" ? Mon état de conscience est certainement aussi évolué que celui de tes adorateurs des mythes divins qui n'ont pour but que de vous donner une image potable et noblifiée d'une bestiole indéfendable. J'ai honte d'être un humain !!! je le dis, je confirme et je signe. Si les tombereaux d'horreurs qui ont été commises depuis le début de l'Histoire ne vous suffisent pas, si vous avez envie de trouver là-dedans des signes que tout peut s'arranger, libre à vous. Si vous persistez à percevoir d'ondoyantes lueurs de pureté dans le fond noir du cloaque, ça vous regarde. Mais nommer ça "conscience éveillée" ! faut le faire !
En trente ans, grâce à cette chère et belle Humanité, trente pour cent des espèces existantes ont disparu. Alors les bonnes "âmes" peuvent toujours se rassasier les yeux au spectacle du monde si machin et si tout, dans un siècle vos enfants auront à ronger un bloc de mort aride. Et de votre "Espoir", et de votre "conscience élevée", que restera t'il qu'un silence congelé et eternel?
Je défends le "droit au cri" de Camille et vous me sautez dessus comme si c'est moi qui l'avais agressée ! Qui pousse le cri avec elle? Qui est solidaire de sa révolte ? Qui lance des Alarmes sur ses propres pages ?
Il n'y a pas besoin d' "Espoir" pour éteindre un incendie ! Il suffit d'aimer la vie et de vouloir la sauvegarder! Ce que vous appelez "Espoir", c'est la projection inversée et sanctifiée de votre propre sentiment de culpabilité.
Je ne sais pas ce qu'est l'humanité et l'amour humain? Moi, en tout cas,je me pose la question honnètement tous les jours et je suis saisi d'effroi à chaque fois. Je serais là à ouvrir ma gueule si je n'étais pas mortifié par la "moulinetisation" du monde par , justement, cette humanité avec laquelle je suis hélas lié et complice! Mais quand je vous vois à vous contempler votre nombril magnifique d'"Être Elu" de "Qui vous savez", persuadés que vous êtes qu'il est dans des avenirs mystérieux et bénis une "Perfectitude" de "ça", je sais que j'ai pas fini de me mettre en rogne et d'interpeller les "braves gens" .
Non, je ne crois en rien, non, il n'y a rien "Au-Dessus", non, l'humain n'a rien de sacré, non, l'espèce humaine ne changera pas, ça ne m'empêche pas de faire pour qu'au quotidien les choses aillent au mieux et que chaque minute passée soit une minute gagnée. Comprenne qui pourra, il faut savoir lire dépouillé du poison légnifiant des "moralisations subliminales de masse". (Ceux qui le distillent n'en abusent pas...).

Souffrir et gueuler n'est pas une maladie !!! C'est créer la souffrance du monde qui est un crime !!! Ne pas inverser les rôles !!!

Amicalement (car même un obscurantiste mécréant peut avoir des sentiments amicaux...)

Anonyme a dit…

Bonjour Denis
Je viens seulement de lire à l'instant ce que tu me dédies au travers de ce post qui me bouleverse. Tu m'as très bien compris et je m'aperçois que j'avais compris à mon tour le sens de ton cri de révolte en relai du mien. Je suis encore émue de sa lecture et en même temps perdue par l'échange en commentaires qui a suivi. Je ne sais pas encore si je vais pouvoir m'exprimer à ce sujet ici, ou si je choisis les coulisses :-)
Je vous connais un peu Claude et toi, et je sais que vous oeuvrez tous deux dans le concret, activement, même si vos cris du coeur s'expriment différemment. Ils ont le même but, le même que le mien et en cela nous nous retrouvons tous... à travers nos différences, à égalité... :-)
je t'embrasse mais sans crier cette fois ;-) et te dis à très bientôt

Anonyme a dit…

Le cri est toujours celui de quelqu'un encore en vie...
Je ne connais pas les tenants de cette levée de voix rudes et contradi-croires ( apparemment telles...), mais j'ai perçu quelque chose de très clair dans l'écriture de Denis. Elle n'a pas le même ton que l'homme qui la porte et la supporte. A le voir lui, en pied, c'est la tendresse qui vient à vous. Un regard qui jauge l'autre mais garde la patience de comprendre et d'accueillir. Il existe toujours une croûte de cicatrisation laide à nos pensées ouvertes. Quelque chose qui inspire la crainte et qu'on voudrait soulever pour voir la peau plus rose, moins corrosive et inquiétante. La croûte protège un temps, on ne l'enlève que lorsque elle suppure pour faire partir le fiel nécrosant. Denia est un idéaliste incroyant, un lucide qui prend la charge de foudre dans ses mots pour vous épargner l'incendie. Il ne changera pas j'imagine. Il a de quoi vivre assez longtemps avec ce feu tombé sur lui d'on ne sait où. Il n'a pas besoin d'instance tutellaire pour tracer sa route, son optimisme désespéré est un viatique inconsolable. Il ne laissera pas passer les mensonges sans réagir.Sa réaction sera toujours à double-fond . L'un des deux n'est pas à pendre ni à vendre. Mais il faut bien manger aussi. Il y a Denis et il y a Marulaz ... Il y a ses livres de route aussi... Lisez- les , vous comprendrez ... un peu...

Anonyme a dit…

Je pense à toi, Hombre ...
Monte alors à mon imaginaire une superbe image de rose ... Merci d' être qui tu es ...

Anonyme a dit…

Marie- Thé, je te remercie pour tes mots de "témoignage", même si je ne comprends pas bien la dicotomie que tu sembles entrevoir entre Denis et Marulaz...
A moins que tu ne veuilles dire que je suis pas monolithique... ce qui est plutôt rassurant pour un humain. Surtout coléreux...
En attendant une prochaine rencontre, je te souhaite une bonne fin d'année avec tes proches.
Amiclement
Denis



Salut fraternel à toi Kaïkan.


Bisous, Camille, gaffe au chocolat !

Anonyme a dit…

heueueueueu....!!! comment t'as deviné?!!! y en a dans chaque cachette de ma cuisine ;-)

Anonyme a dit…

Moi aussi je t'aime beaucoup Denis.
Passe de très heureuses fêtes, je m'absente quelques jours, je me suis occupée des enfants pour ces fêtes, c'est la raison pour laquelle je ne suis pas revenue prendre ma réponse sur ton blog.
Si tu veux nous pourrons continuer cette conversation plus tard je pense que nous nous sommes mal compris.Je pourrais t'expliquer pourquoi je parle d'extrémisme, et d'obscurantisme sans à aucun moment penser à toi personnellement.
Je t'embrasse Denis
Bonne et Heureuse année