mardi, septembre 12, 2006

Bienvenue

Au cours de mes déambulations sur "La Cause des Causeuses", j'ai été très touché par ce poème de Pascale Arguedas. (Et la photo!) Elle m'a gentiment autorisé à déposer délicatement cette "soie d'amour" entre les pages de l' "Hombre". J'en suis vraiment heureux.





Liberté voilée

Le mâle iranien a décrété
que le port du voile rendait
les femmes égales…
entre elles.

Nul déballage
de richesses,
de colliers,
de maquillage.

Par ordre du grand mâle,
les iraniennes,
sont en effet égales…
entre elles :

champ de vision rétréci,
regards noirs brûlants
mordant leur frein
sous un carcan ancien.

La religion en Iran,
c’est la peste,
le choléra,
la nouvelle prison sida,

une capote inhumaine
enfilée de force
par les hommes à leurs femmes
dans un monde qui valse à l’envers.

À l’ombre des murs blancs,
elles glissent et obéissent,
spectres et étrangères,
attendant leur liberté volée.

Brisées,
égales entre elles,
les iraniennes suent et rampent,
la mort dans l’âme,

à l’ombre des murs blancs,
des roses et des orangers,
des mausolées de poètes persans
et du Coran.

Shiraz (Iran), le 8 août 2006.
Pascale Arguedas

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Et derrière ces femmes voilées bat un coeur et des rêves, des projets d' expressions et d' interventions impliquées...
Il na manque rien à cette porte fermée, même le cadenas est au poste...
Une note d' espoir cependant, parfois, minime, j' ai vu dernièrement sur Arte, un reportage sur une représentation de musique de Mahler dirigée par un chef d' orchestre allemand ( je crois) dont l' orchestre était venu d' Iran, hommes et femmes ( voilées, bien sûr), confondus...
Ils avaient eu l' autorisation ( sic) in extrémis de pouvoir venir donner ce concert en Europe, temps de travail condensé, peu, voire pas de temps libre ( of course, dixit les responsables iraniens de l' organisation du déplacement)... Et pourtant, cette interprétation multiculturelle, mêlée ( s' y mêlaient des symphonies et instruments iraniens) m' a sciée... Comme un énorme cri d' espoir dans notre monde devenu fou... Tu vois, Hombre ;-) que tout n' est pas perdu...
Je garde en mon coeur cette image forte et une admiration pour ces femmes qui, même brimées ont trouvé la force de s' intégrer dans un monde d' hommes museleurs et d' exister au sein de cet orchestre et quelle force, quelle volonté, quelle passion elles dégageaient...
Oui, admirative et reconnaissante que de telles initiatives lézardent le carcan et nous offrent cette superbe image d' espoir...
Chapeau bas à tous, j' enlève mon couvre-chef et vous salue!

Anonyme a dit…

Comme elles protègent la vie si précieusement en leur chair, les femmes cultivent l'espoir aux coeur même des braises mordantes du feu de la folie humaine, même et surtout quand elles en sont les victimes premières. Chapeau bas, comme tu dis.
Peut-être est-ce aussi de cela que les hommes ont peur?