vendredi, juillet 07, 2006

Toile de fond

La vie d'un humain, c'est comme un claquement de doigts, ça dure trois fois rien, et c'est perdu dans le brouhaha du reste du monde. Est-ce que ça a seulement du sens, est-ce que ça a plus de poids qu'une poussière valsant dans le rayon de lumière? Combien d' hommes/femmes ont foulé le sable de leurs pas harassés ou sautillants, depuis les temps des débuts de la grande escapade? Dans quel néant tout cela s'est-il dilué? Sommes-nous autre chose que de futurs oubliés? Et pourtant...
Et pourtant, chacun de nous ne se sent-il pas comme une espèce de géant, d'être fantastique, d'aboutissement incarné d'un miracle ancien? Et pourtant, perdurer, s'enraciner dans l'eternité, tel semble être le but inconscient de chaque grain du sable humain. La peur de disparaître est le moteur de l'humanité. Et la satisfaction de tous les appétits, de toutes les jouissances, de toutes les possibilités de jouissance propulse l'histoire de l'espèce dans la chronique incontournable et magnifique du cataclysme final. Et encore heureux si nous n'entraînons pas avec nous jusqu'à la dernière goutte de vivant.
Et moi, "MOI"!! là-dedans, poussière parmi les poussières, avec mon petit coeur blessé, mes petites cellules grises en pleine valdingue, mes remuements émotionnels, ma vilaine gueule de vieux grand singe, mon regard usé de douleur qui voit en gris jusqu'au coeur des roses blanches, moi qui hurle chaque jour contre cette malédiction qui m'a fait humain comme on dirait rat d'égout, comme on dirait mangeur d'enfants , peste ou parasite universel, moi, là-dedans, porteur de toutes les hontes du monde, je demande pardon à la Terre, à la vie, aux insectes, aux oiseaux, aux arbres, à la Mer et à son univers, aux derniers bonnobos, aux derniers gorilles, nos pauvres, nos infortunés cousins qui avaient eu la sagesse de rester des bêtes (!), je demande pardon aux rivières mortes, je demande pardon aux courants d'air miasmiques, je demande pardon aux ultimes glaciers liquéfiés de notre volcanique fureur, je demande pardon à cause de mon humanitude et je pleure pour vous des larmes de mots. Moi, là-dedans, j'ai aussi planté mon dard empoisonné au coeur des virginités et jamais désormais je ne saurai me sentir autre chose qu'un être taré lâché cru au vif des brises fraîches. Pas volontairement, pas par méchanceté voulue, réfléchie, pensée, mais par atavisme, parcequ' Humain!
Tous mes mots, tous mes regards, toutes mes allusions vous diront la blessure que je me traîne d'être un Homme, "Un" de cette espèce qui n'a pas su s'arrêter au bonheur simple de l'air pur et du soleil généreux.... Et qu'on ne vienne pas me faire chier avec le complexe "judéo-chrétien" de culpabilité. On est lucide ou pas. Moi, oui.

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